Les Cinq Piliers de la Perfection

Il en est beaucoup question depuis longtemps. Ce concept apparaît dans nombre de documents traitant d’Archalchimie, comme une constante inévitable, une trame ou un fil d’Ariane. Le fait est que la compréhension du phénomène se révèle être d’un très grand secours lorsqu’il semble difficile de prendre une décision ou faire un choix incident, qu’il le soit réellement ou qu’on en ait simplement l’impression.

De manière pratique, les « Cinq Piliers », plus succinctement exprimés ainsi, représentent sinon une voie possible de réalisation intérieure par condensation en soi des énergies de la « perfection » (encore faut-il s’entendre sur le sens du terme), du moins permettent-ils de s’assurer, même et surtout dans la difficulté de l’instant où le choix est délicat, une règle de conduite très nettement moins culpabilisante, relativisant conséquemment la notion d’erreur, allant jusqu’à une certaine forme de possible déresponsabilisation de l’erreur si lesdits cinq piliers sont effectivement respectés à la lettre et dans l’esprit adéquat.

Symbole Archimagistéral des Cinq Piliers de la Perfection : la fleur du frangipanier, dit "l'Arbre des Temples" en Polynésie.

Qu'est-ce que la "perfection" ?

Tout un chacun s’entendra aisément sur le fait que la perfection n’existe pas, ou tout du moins, qu’elle n’est pas de ce monde (quoi que l’on entende par là d’ailleurs). En l’occurrence, rien n’est plus vrai, c’est l’évidence même. Néanmoins, tout un chacun s’entend tout aussi bien sur le fait de considérer la perfection comme un résultat. C’est là que le problème se pose. En l’occurrence, la perfection n’est pas un résultat. Elle est une dynamique.

Pour s’en convaincre, une petite gymnastique de l’esprit est requise à cet effet. Quoi que l’on fasse, on dit à raison que l’on peut toujours mieux faire. Peut-être cette perspective sort-elle du cadre de la possibilité humaine à un certain moment, mais en théorie, ça reste possible, quand bien même en pratique, beaucoup moins. Existe-t-il réellement un état d’aboutissement ultime où, même en théorie, on serait incapable d’envisager intellectuellement qu’il soit impossible de progresser ne serait-ce que d’un iota ? On peut le supposer, mais cette limitation ne serait-elle pas davantage intellectuelle, justement, plus que factuelle à proprement parler ? Les mathématiciens et physiciens vous diront qu’il existe nombre d’états ne pouvant être atteints, comme le zéro absolu (-273,15°C, ou… 0°K), une température factuelle ne pouvant qu’y tendre à l’infini. Il y a également lesdits « temps de Planck » comme étant la plus petite durée possible par exemple, en deçà de laquelle il n’en existerait pas. Mais il s’agit là d’état de la matière ou de considérations physiques, classiques ou quantiques, et non de la maîtrise de certaines situations pouvant être initiées par l’Humain, et c’est ce dont il est question en termes de « perfection ». Un geste, répété mille fois dans l’intention de l’exprimer de manière parfaite, sera toujours moins parfait que s’il l’est un million de fois. Même le pur génie peut être transcendé par quelque chose de plus génial encore, serait-ce par celle ou celui qui l’aura initialement exprimé ainsi, dû à un effort de volonté par exemple. Allez « plus loin » est toujours possible en théorie, du moins l’esprit peu aisément le concevoir.

Mais un homme des cavernes aurait-il été capable du même degré de perfection que l’Homme contemporain ? Bien sûr que non. La différence se trouve dans le degré d’évolution. Évolution génétique, civilisationnelle, mais aussi évolution de la conscience des choses, de la conscience tout court. Ainsi, la perfection est purement paradigmatique.

Peut-on imaginer que les concours sportifs cessent un jour parce que l’Humain aura atteint la limite extrême en termes de possibilités, de faisabilité ? Y croyez-vous ? La question mérite en tout cas de se poser.

La perfection est la qualité d’exécution d’une chose à laquelle est appliqué l’effort visant à sa maîtrise la plus absolue, où la notion d’absolu, ici, est également contextuelle. En somme, rien n’est ni jamais figé, ni jamais ultime, si ce n’est dans un contexte précis, selon une définition de possibilités précises et selon un paradigme précis, déterminé par la façon, individuelle ou plus probablement collective, d’envisager une possibilité, une réalité. En revanche, la dynamique de l’effort appliqué à l’exécution de quelque chose, génère une vibration de « perfection » rendant possible l’évolution de la situation qui la voit naître, et repoussant ainsi les limites du champ du possible (voir à ce titre la page : « Possible vs impossible : une question d’horizon »). Ce phénomène ne peut en revanche être obtenu qu’à la condition de réunir, pour l’opérateur qui s’y essaie ou s’y adonne d’une manière ou d’une autre, cinq conditions précises. Ni une de plus, ni une de moins. Ce sont ces cinq conditions que l’on cite en tant que les « Cinq Piliers de la Perfection ».

Rien n'est ni jamais figé, ni jamais ultime, si ce n'est dans un contexte précis, selon une définition de possibilités précises et selon un paradigme précis, déterminé par la façon, individuelle ou plus probablement collective, d'envisager une possibilité, une réalité.

Nature des Cinq Piliers

1 : L’aspiration

Vous devez aspirer au résultat attendu, de toutes vos forces. Vous devez mettre cet objectif à l’épreuve dans votre action afin de vous concentrer correctement sur le but à atteindre et en avoir une conscience aiguë. Vous devez projeter votre conscience, votre imaginaire, vers le résultat attendu. Vous donnez ainsi à la vie, le plan d’architecte de ce que vous souhaitez voir construire.

2 : L’effort

Vous devez fournir l’effort nécessaire à l’atteinte de votre objectif. L’effort est le carburant nécessaire à l’alimentation de votre moteur. Le déploiement du sens de l’effort est primordial.

3 : La sincérité

Vous devez absolument être sincère dans votre aspiration à l’obtention du résultat désiré et dans vos efforts déployés. Si vous n’exprimez pas ou que peu de sincérité, c’est que vous ne jouez pas le jeu et que vous vous leurrez vous-même. Vous ne pouvez espérer leurrer les mécanismes de la vie en ayant conscience de vous leurrer vous-même.

4 : Le détachement

Nous l’avons confirmé, la perfection formelle n’existe pas. Essayez d’entreprendre quelque chose qui vous est a priori impossible de prime abord, et le résultat sera parfaitement conforme à l’issue la plus probable : vous n’y arriverez évidemment pas. MAIS PEU IMPORTE. Là n’est pas ce qui est important. L’important est de jouer le jeu, de simuler. Simulez une situation et vous la rendrez réelle. C’est sans doute la clef la plus essentielle parmi les Cinq Piliers de la Perfection. Donc n’attendez surtout rien, absolument rien, de votre tentative. Contenez-vous simplement de mettre en pratique chaque étape, sans émotion face au résultat.

5 : L’humour

Soyez léger envers la situation. Riez de vous-même. Si vous riez de vous, personne ne le fera à votre place. Prenez tout cela comme un jeu. Ainsi, votre mental ne fera pas barrage à ce qu’il estimera être une fantaisie. Si vous êtes trop sérieux, il viendra censurer la manœuvre en vous rappelant que tenter sérieusement quelque chose d’impossible, en termes de probabilités, est déraisonnable. Donc, trompez-le. Offrez-lui un spectacle fantaisiste et divertissez-le et amusez-vous vous-même tant que vous y êtes, quitte à le faire à vos dépens selon votre propre regard porté sur vous-même (sachez rire de vous-même, c’est essentiel).

Appliqués au contexte Archimagistéral, le minimum requis de la part des Représentants de la Noblesse Orthodole est la perfection, du moins d’y tendre, d’y appliquer leurs efforts, de le faire sincèrement tout en en étant détachés pour déjouer le piège de la culpabilité, et dans la légèreté de cœur et d’esprit afin de ne pas s’enliser dans une forme de sombre gravité, triste et peu inspirante.

Si vous appliquez ces cinq préceptes, lesquels sont absolument à la portée de tous sans exception, puisqu’ils doivent n’être appliqués que selon les possibilités au moment présent de la part de chacun s’y essayant, donc de manière relativiste (conformément aux préceptes de base de la physique, ni plus ni moins), vous déploierez petit à petit une énergie de perfection qui viendra aussi se condenser en vous, en vous permettant, au fur et à mesure de vos mises en application de la méthode, d’obtenir des résultats qui soient de plus en plus conformes à vos attentes, et cela, de manière… parfaite !

En outre, même en cas d’erreur flagrante, vous aurez toute la légitimité du monde pour vous soustraire aux conséquences de ce que quiconque pourrait être tenté de considérer comme une forme de négligence de votre part, vous extrayant de même de toute forme de « responsabilité karmique » en rapport.

Même en échouant lamentablement, en énergie (même si en énergie uniquement), vous aurez alors été parfait·e !

Dernière mise à jour le 2024-09-11
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