Existence, réalité et légitimité
Ces trois notions sont plus complexes et plus interdépendantes que l’on pourrait raisonnablement l’imaginer, comme elles sont aussi particulièrement incidentes, même dans le cadre de la vie humaine sur notre planète. En fait, si l’existence est déterminée par trois facteurs essentiels que sont le nom, la forme, et le symbole, les trois pôles à présents consolidés par un quatrième qui scelle leur cohésion mutuelle et qui est le sens, la notion de réalité, elle, est tout autre. Leur ensemble, car les réalités sont infiniment multiples, sont les briques constituantes de l’existence, en nombre aussi vaste que les cellules d’un corps humain, que les étoiles de la galaxie, et encore, pour un contexte donné, donc pas à l’échelle universelle.
La légitimité, permettant à quiconque d’entreprendre valablement quelque chose en tant que l’expression du droit positif (au sens positiviste du terme), repose sur le fondement de la réalité présidant à la situation sur laquelle quiconque entend intervenir du fait de sa volonté propre pour des raisons qui le sont aussi. À ce titre, la légitimité, sur base de laquelle quoi que ce soit est entrepris, est expressément liée aux deux concepts précédents, en cascade et par enchaînement de conséquences liées.
Explication…
L'existence et la réalité
Vous êtes-vous déjà demandé ce qui fait que quelque chose « existe » ? Qu’est-ce qui définit l’existence ? La plupart des gens confondent ce concept avec la réalité.
« Si c’est réel, c’est que ça existe. Si ça existe, c’est que c’est réel. »
À première vue, ça se tient, mais c’est beaucoup plus complexe que ça. Une « réalité » est toujours contextuelle. Elle est toujours liée à un cadre qui la définit. Si ce cadre change, la réalité en rapport aussi. Une même réalité n’est jamais universelle et diffère systématiquement en fonction des individus qui l’observent, ou y sont confrontés. Prenons un exemple.
Lorsqu’un malade mental entend des voix que les sains d’esprit n’entendent pas, prétendre que ces « voix » n’existent pas est un abus de langage, car elles existent bien pour celle ou celui qui les perçoit… puisqu’il les perçoit. Elles sont présentes dans sa réalité (donc elles existent dans le contexte de sa réalité). En revanche, elles sont absentes dans celle de ceux qui ne partagent pas cette perception, d’où qu’elle vienne et quoi qui la produise, notamment pour le psychiatre qui le diagnostique comme étant schizophrène. À l’inverse, lorsqu’un médium perçoit des émissions de pensées qu’il parvient, au moyen de sa glande épiphyse (parce qu’elle est bien calcifiée et non le contraire), à capturer dans son champ noétique et donc aussi à interpréter, ces pensées alors perçues seront inaccessibles à quiconque d’autres n’ayant pas les mêmes compétences, ou qui ne serait tout simplement pas connecté à la même fréquence-source. Cette réalité-là ne sera, là également, valable que pour notre médium dans le cas de figure décrit. En revanche, si notre médium tombe entre les mains du même psychiatre que celui envisagé ci-avant, pour ce dernier, il n’y aura jamais qu’une seule et unique réalité, celle de la folie. Pour ses deux patients, chacun d’eux vivra quasiment la même expérience. Cependant, chacune d’elles sera pourtant pourvue d’un sens différent, à moins bien sûr, ce qui est extrêmement fréquent, que le schizophrène ait été diagnostiqué tel, parce qu’il est médium et qu’il n’en sait rien lui-même ou le réfute, et que tout dépassement des limites imposées dans le registre de la perception au moyen de l’activité mentale, telles qu’elles sont imposées par la société, est considérée comme étant pathologique.
Les réalités sont infiniment multiples. Même contempler une ville depuis le sommet d’une colline n’offre pas la même réalité, la même interprétation émotionnelle de la même vision, à un observateur y ayant rencontré l’amour de sa vie, et à un autre y ayant été torturé. Pourtant cette ville n’a qu’une seule et unique existence.
Si, à l’occasion d’un rêve, vous prenez conscience qu’il s’agit d’un rêve (ce que l’on appelle alors un rêve lucide, ce qui signifie très précisément qu’en réalité ce n’en est pas un, mais ceci est une autre histoire), et que vous vous disiez alors : « ce n’est pas réel », vous auriez tort. Cette réalité-là ne serait pas mentale, soit, mais elle n’en serait pas moins réelle sur son propre plan d’existence. Pour que quelque chose n’existe pas, il faut que cette « chose » ou ce concept, soit dépourvu de forme, ou de nom, ou de symbole, ou d’un sens. L’existence ne peut fonctionner, ne peut trouver à s’exprimer au moyen d’une réalité qu’à partir de trois pôles distincts, ainsi que, depuis quelques années, correspondant à la modification du fond paradigmatique universel, d’un élément de cohésion (le sens, donc). Ces trois pôles sont une condition sine qua non au fait de l’existence elle-même, exactement comme une corde ne peut exister sans deux extrémités, pas moins. Ces trois éléments sont appelés « ternaire (ou, désormais quaternaire) d’existentialité ».
Dans ce contexte, on pourrait se demander, dans la mesure où « l’existence » de quelque chose implique bien un symbole, quel pourrait être celui d’un concept abstrait, comme un « dimanche après-midi » par exemple, puisqu’il est incontestable qu’existent bel et bien les dimanches après-midi, et qui plus est, une fois par semaine. Il faut envisager la notion de symbole de manière différente du simple registre strictement visuel. Par exemple, si vous êtes capable de rêver de quelque chose, c’est alors son symbole qui est employé pour créer sa présence dans un rêve, dans la mesure où votre subconscient ne connait guère que ce langage, celui du symbole justement. Vous pouvez très bien rêver d’une poule orange fluo et savoir dans votre rêve que cet animal à la couleur improbable a pour signification précise, le quatrième dimanche après-midi qui a suivi votre dixième anniversaire ! L’incohérence de vos rêves, à la lumière, du moins, de votre conscience ordinaire, vient généralement de là. Les symboles ont leur propre sens, lequel n’est pas toujours aisé à percer par la fonction interprétative des informations sensorielles et cognitives attribuée à la conscience mentale. En effet, le registre est vaste entre les symboles universels référencés à titre officiel, et ceux qui sont un mélange de symbolique universelle et de symbolique personnelle, ces dernières étant fondées sur les traces des expériences vécues, laissées dans le champ mémoriel des concernés.
L'importance du sens
Le sens est ce qui vient consolider l’ensemble, et c’est lui qui a tout le sens du monde dans les contextes les plus prosaïques. Tout d’abord, si ce qui peut être défini par son nom, sa forme et son symbole, perd du sens, tout ou en partie, l’existence de ce qui en est l’objet ne sera pas remise en question, cela grâce aux trois pôles équilibrant ladite existence, mais sa réalité sera remise en question et les forces naturelles tendront à cumuler les circonstances favorisant sa disparition par n’importe quel moyen.
La mise en application de cette nouvelle loi naturelle perturbe un peu l’ordre établi jusque-là et les habitudes risques de ne pas faire exception. En effet, vous ne pouvez interagir véritablement, avec conséquences sensibles à l’appui, qu’avec quelque chose qui ait une existence. Jusque-là, tout va bien. En revanche, ce qui n’a pas de réalité sur un plan, en aura obligatoirement sur un autre s’il peut être au moins conceptualisé. Néanmoins, pour interagir avec une réalité, il faut que la portée de votre interaction rejoigne sa sphère de réalité. Les réalités doivent être miscibles. Si vous voulez vous battre, à votre réveil, avec un personnage dont vous avez rêvé et qui a voulu en découdre, vous n’y parviendrez évidemment pas. Vous pouvez le vaincre dans le rêve selon les conditions propres à ce contexte précis et à lui seul, mais jamais hors de lui, car hors de ce contexte précis, la situation en rapport n’aura pas de réalité pour votre conscience de veille (raison pour laquelle les consciences désincarnées, donc hors de l’incarnation, ne peuvent, sauf exception, interagir avec les âmes incarnées). Une fois encore, le contexte prévaut.
Ce n'est point dans l'objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche.
Antoine de Saint-Exupéry
En revanche, si l’interaction que vous souhaitez n’a pas de sens, ou a un sens mal défini, elle ne pourra trouver de voie d’expression, de manifestation. Une réalité qui perd son sens est destinée à disparaître. Si la présence d’une institution perd tout son sens dans le nouveau paradigme, elle sera condamnée à disparaître. Il en a toujours été ainsi, néanmoins le sens est définitivement intriqué désormais aux conditions de l’existence elle-même, du fait de la résolution en rapport prise par le Couple Impérial. Ce n’est pas tout. Si un individu, par choix, par indolence, par inadaptation, par révolte ou pour quelque autre raison, devait perdre le sens même de son incarnation, avec prudence, mais avec fermeté tout de même, son incarnation lui sera de même retirée par la mise en application de cette loi à présent universelle. Charge à chacun de donner à son existence, le sens le plus fort qu’il pourra, afin d’affirmer sa présence au sein du monde des Hommes, et prouver combien, par son propre exemple, chacun est irremplaçable, dû au seul fait de la réalité qu’il incruste en ce monde et de l’existence qui doit la légitimer. Néanmoins, cela doit s’accomplir dans les balises de sécurité, envisagées pour garantir la pleine expression de l’entière liberté de tous dans le respect de celle de tous les autres, garantissant de même à tous les audacieux, que, quelle que soit l’erreur éventuellement commise un jour, jamais aucune conséquence gravement préjudiciable à quiconque ne sera encourue, à moins bien sûr de persister volontairement dans l’erreur. Seules le seront les leçons permettant à tous d’avancer, puis se transcender, dans l’harmonie, dans la simplicité et dans la joie, donnant alors, enfin, tout son sens à l’existence de la nouvelle civilisation humaine… au Royaume de Terremère-Gaïa.